Pourquoi planter ?
Produire des fruits, s’occuper des vergers, les cultiver, c’est l’essence même de notre métier. Nous sommes agriculteurs et notre culture principale, c’est le pommier ; c’est l’arbre qui nous rattache à la terre et au terroir, qui puise dans le sol pour donner les fruits que nous utiliserons par la suite pour confectionner nos produits.
Nous sommes producteurs de cidre "fermier" ce qui signifie que nos produits sont élaborés à partir de la production de l’exploitation (littéralement :"fruits de la ferme"). C’est la différence avec l’artisan qui achètera ses fruits à un agriculteur comme nous et ne fera "que" la partie transformation.
De ce fait, on ne peut qualifier nos produits d’artisanaux, ce n’est statutairement pas le cas. Le mot est pourtant souvent utilisé à tort pour qualifier une production familiale et/ou traditionnelle comme la nôtre.
brefbrefbref
Planter des pommiers c’est aussi s’assurer une autonomie en fruits pour les années à venir...
Où planter ?
Où on peut !... Sous-entendu pour les pommiers : ni dans les marécages, ni dans le désert.
La topographie du terrain chez nous : c’est un grand coteau qui culmine à environ 90m au plus haut et descend jusqu’à la rivière de l’Aber, qui entame presque son estuaire à 15m au dessus du niveau de la mer en fond de vallée.
Les terres d’en haut, battues par les vents sont peu profondes et très séchantes, le milieu de pente est correct et le bas est très humide. La cidrerie et la majeure partie des vergers sont situés à mi-pente, plein sud. L’exposition au sud est intéressante pour le mûrissement des fruits, mais aussi pour l’assèchement plus rapide du feuillage et du verger, limitant ainsi les maladies liées à l’excès d’humidité (maladies fongiques notamment).
Que planter ?
Si on part du principe qu’on plante du pommier, plusieurs solutions s’offre à nous.
1) la forme de l’arbre adulte et son type de conduite
"Haute-tige", "basse tige", "demi tige", toutes ces appellations sont applicables au pommier. On parle de la forme de l’arbre une fois adulte et par conséquence, de la façon dont on va le former (manière de tailler) pendant sa croissance.
Haute-tige :
C’est l’arbre "traditionnel", celui que l’on plante chez nous. Une tige (un tronc) haute (d’où le nom...), et des branches qui commencent à environ 2m de haut.
- Conduite "libre", "de plein vent" avec souvent 3 branches "charpentières" structurantes et des branches "fruitières" partant de celles ci.
- L’arbre adulte peut faire jusqu’à 8m de haut
- Densité de plantation : entre 100 et 150 arbres à l’hectare
- Durée de vie : 60 à 100 ans.
- Mise à fruit (début de production) : 10-12 ans
Basse tige :
Un arbre plus petit, les branches commencent parfois à moins d’1m du sol.
Aujourd’hui, il est souvent conduit "en axe vertical", en "haie fruitière" ou en "mur fruitier".
- Peut être palissé (tuteurs + fils) ou non (quasi systématique en pommes à couteau, plus occasionnellement en pommes à cidre)
- L’arbre adulte fait entre 2 et 5m de haut selon la vigueur du porte-greffe
- Densité de plantation : entre 650 et 1000 arbres à l’hectare
- Durée de vie : 20 à 40 ans
- Mise à fruit (début de production) : 5-6 ans
Le "demi-tige", intermédiaire, n’est aujourd’hui plus beaucoup utilisé.
Ces chiffres sont bien sûr des tendances, chaque plantation ou exploitation étant unique...
2) le porte-greffe
Il faut savoir qu’un pommier qu’on achète est divisé en 2 (voire 3) : une partie dite "porte-greffe" qui représente la partie racinaire de l’arbre et une partie "greffe" qui elle est la partie aérienne/variétale (et souvent, on le verra plus tard, un "intermédiaire" fait la jonction entre les deux).
"Franc", "M25", "M106", "M9", "M27" ...???
Ce sont les dénominations de différents portes-greffes, c’est à dire "système racinaires" du pommier. (classés ci-dessus par ordre décroissant de vigueur).
Le "franc" est un arbre issus de semis de pépin
Les "M..." sont des portes-greffes sélectionnés (et souvent multipliés par marcotte). Le "M" correspond au type "Malus" (pommier) le chiffre précise les caractéristiques du porte-greffe. Ils sont de plus faible vigueur que le franc (c’est à dire qu’il pousse moins, feront "moins de bois", donneront des arbres moins grands, et donneront plus rapidement des fruits).
À l’inverse, ils dureront moins longtemps, et il sera indispensable pour certains d’entre eux de les palisser, car leur faible système racinaire ne leur permettra pas de résister au vent par exemple (surtout chez nous). Ils peuvent aussi être plus sensibles à certaines maladies, et ne pas être adaptés à certains types de sols...
3) la variété
Le pommier est un arbre qui donne des fruits par pollinisation croisée (c’est à dire qu’il faut au moins 2 variétés différentes sur la même zone et qu’elles puissent être en fleurs au même moment pour se polliniser l’une-l’autre).
Le fruit issu de cette pollinisation va donner des pépins qui pourront à leur tour, si on les plante, donner un nouvel arbre.
Et c’est là que ça se corse ! Cet arbre nouveau ne donnera pas la variété de pomme dont le pépin est issu ; ce pommier sera une nouvelle variété (avec une chance infime pour qu’elle soit intéressante gustativement...). Finalement c’est assez logique, c’est un croisement, donc la naissance d’un nouvel être !..
Pour multiplier une variété, il est donc quasi indispensable de passer par la greffe ("quasi", parce que chez nous on a une variété (la seule à ma connaissance) qui se bouture !). On récolte en hiver des greffons des variétés que l’on veut multiplier, puis on les greffe en début de printemps sur le porte-greffe que l’on aura choisi.
Ainsi on décide et de la variété, et de la vigueur de notre arbre.
Concrètement, comment se forme un arbre :
Pour obtenir un "basse tige" :
On coupe la pousse de l’année (du porte-greffe) à environ 15 cm du sol, et on lui greffe sa variété directement (greffe "en écusson").
Pour obtenir un "haute-tige" :
On laisse pousser* la pousse jusqu’à 2m (ou plus), en un ou deux ans, puis on la rabat au printemps et on greffe la variété "en tête" (greffe "en fente" ).
*souvent on coupe la pousse de l’année du porte-greffe, et on greffe une première fois, comme pour le basse-tige à 15cm du sol un "intermédiaire" (une variété souvent choisie pour sa vigueur et son aptitude à "pousser droit"). C’est ensuite cet intermédiaire qui sera étêté pour y placer la variété "en tête".
Ça fait beaucoup de mots différents mais sous toutes ces dénominations, on ne parle que de pommiers, du genre "Malus", ce ne sont que des combinaisons de différentes variétés sélectionnées pour telle ou telle autre qualité.
On ne greffe pas de pommier sur du chêne, du prunier ou d’autres espèces d’arbres !
Chez nous, nos vergers sont à 90% en "haute-tige". Les plus vieux (2 ha) ont une trentaine d’année, et sont donc en pleine production. Les autres, la majorité, replantés plus récemment, ont entre 0 et 10 ans et ne sont donc pas encore productifs, ou commence tout juste à l’être...
Les variétés
Nous avons sur l’ensemble de notre verger plus de 50 variétés de pommes différentes, presque toutes cornouaillaises d’origine !
Nous continuons à planter des variétés locales, reconnues, plus ou moins rares, pour conserver la diversité de variétés et la typicité de nos produits.
Deux catégories se distinguent :
1) Les pommes à cidre :
Variétés dites "phénoliques", caractérisée par une amertume (polyphénols) plus ou moins marquée. À l’instar des cépages de vigne destinés à la vinification, les pommes à cidre ne se mangent pas et sont uniquement destinées à la transformation, où leur qualité se révèlent.
Elles ont souvent des noms bretons puisque traditionnellement présentes en Cornouaille depuis longtemps :
Ty Poñch, Prat yeod, Dous lopereg, Kroc’hen ki, Dous moën, Beleïen, Ru Kastellin, Kermerrien, C’huero briz.... etc...
2) les pommes "à couteau" :
Variétés de table, elles n’en sont pas moins locales pour la plupart, avec quand même quelques plus "classiques" :
Teint frais, Germaine de Brasparts, Galeuse, Fil Jaune, Reinette d’Armorique, Jerusalem, Cox Orange, Boskoop, Jonathan... etc...
Organisation
Pour pouvoir planter cette année, il a fallu anticiper. Pour recevoir de notre pépiniériste aujourd’hui 20 mars 2018, 50 arbres de la variété "ty ponch" par exemple, il a fallu prélever des greffons de ty poñch en janvier 2017, les lui avoir envoyés, qu’il les ait greffés au printemps 2017, qu’ils aient poussé 1 an chez lui qu’il les ait préformés et qu’on se retrouve le 20 mars 2018 avec des arbres qui ressemblent à ceci :
Prêts à planter ? Venez découvrir la suite dans l’article suivant ! Technique, photos, vidéos, la plantation n’aura plus de secrets pour vous !
Vos commentaires
# Le 31 août 2021 à 12:35, par mathieu chemin En réponse à : Introduction à la plantation
bonjour
Je suis agriculteur en ile de france (77630 arbonne la foret) et je veut créer un verger de pommier a cidre dans une parcelle ou j ai un pre estival pour les equidés,
environ une trentaine d arbre en haute tige, A l epoque il y en avait, il reste quelques pommier mais je ne connais pas les varietes, apres je pourrai faire des photos, peut etre pouriez vous m aider a les identifier... j ai un sol limono-sableu. Je pensait planter un arbre tous les 10m sur la ligne et une ligne tous les 29m pour pouvoir avoir la place de faucher au printemps pour faire du foin. Avez vous des conseils ? Avez vous des pepinieres a me conseiller ?
cordialement mathieu chemin
earl la chardonniere
chemin de la boulinée
77630 arbonne la foret
0683057974
Vos commentaires
Suivre les commentaires : |